Une étude réalisée en 2007 par l’observatoire OPEN évoque l’insuffisance qualitative des travaux thermiques réalisés dans l’habitat par rapport aux exigences actuelles. Cette lecture des résultats a posteriori permet de quantifier en détails, au regard du Grenelle de l’environnement, le marché des travaux à impact énergétique. Pour aider les acteurs du bâtiment à y voir plus clair dans les objectifs du Grenelle, l'ADEME a commandé à l'Observatoire permanent de l'amélioration énergétique du logement (OPEN) une étude qui fait le point sur le marché de l'amélioration de l'habitat en 2007. Celle-ci a été menée auprès de 32 000 ménages ayant réalisé des travaux d'ouverture, de chauffage ou d'isolation en 2006 et a été enrichie des réflexions d'experts du CAH. Elle nous apprend ainsi que la qualité énergétique des logements après travaux est insuffisante dans plus de 90 % des cas.
Les résultats de l'Observatoire
En 2006, plus de 9 000 000 de logements ont fait l'objet de travaux d'amélioration. Parmi eux, près d'un tiers présentait l'opportunité d'une amélioration thermique puisqu'il s'agissait de rénover une toiture, des combles, des murs, de poser une fenêtre ou une porte, ou encore de rénover l'installation principale de chauffage ou d'eau chaude sanitaire.
Après étude des niveaux de performance énergétique atteints après rénovation, il apparaît ainsi que les solutions optimales ne sont adoptées que dans 10 % des cas (couverture, maçonnerie...). De plus, dans le cadre de travaux plus globaux prenant en considération différents corps de métiers, il se trouve que 75 % des rénovations restent également insuffisantes. Seuls 3 % d'entre elles peuvent être considérés comme « exemplaires ». En comptabilisant également les rénovations antérieures de l'habitat, le chiffre monte à 8 %.Les contraintes des ménages
Plusieurs raisons expliquent la faible efficacité de ces travaux. Tout d'abord, seuls 45 % des ménages réalisant des travaux d'amélioration thermique dans leur logement considèrent les économies d'énergie comme prioritaires. Pour tous les autres, les travaux visent avant tout à améliorer l'agencement intérieur, à réparer ou à décorer.
Un autre frein à la réalisation de chantiers de rénovation thermiques de qualité réside dans le temps de préparation du projet, beaucoup plus long que lorsqu'il s'agit d'autres types de travaux. Recherche d'information auprès des industriels et demande de subventions ou de crédits prennent du temps... De plus, le coût des installations performantes est supérieur aux solutions à efficacité moyenne (augmentation de 20 à 70 % pour le poste chauffage par exemple).
Enfin, l'étude prouve que les professionnels sont aussi responsables de ces résultats, notamment par manque de prescription et de prise en compte de l'enjeu énergétique de manière globale. Ainsi, seuls 9 % des entreprises ayant installé une chaudière standard ont proposé un produit plus performant. De plus, la majorité des chauffagistes (61 %) avouent avoir installé leur matériel sans avoir évoqué la question de l'isolation à leur client.
Ce qu'il faudrait pour aboutir aux objectifs du Grenelle
Parmi les chantiers les plus en retard, les travaux sur toitures tiennent le haut du pavé. Malgré le faible surcoût que représente l'isolation dans ce genre de travaux (il faut compter 20 % en plus pour intégrer l'isolation), seul un tiers des toits rénovés bénéficie de l'installation d'un film isolant.Les travaux d'isolation d'intérieurs semblent également à la traîne au regard des exigences actuelles. Elle s'explique par le manque d'intervention de professionnels en la matière et par le coût important de ce type de travaux. Ainsi, 70 % des chantiers effectués n'ont que très peu d'efficacité thermique. A ce rythme, il faudrait plus de 200 ans pour que le parc construit avant 1975 ne soit isolé de façon exemplaire. Une petite lueur d'espoir cependant : ces données ne prennent pas en compte l'isolation par l'extérieur.
L'optimisme semble plutôt concerner les travaux d'amélioration thermique des ouvertures. Ici en effet, on comptabilise 8 % de rénovations dont le résultat est optimal et 44 % qui sont d'efficacité moyenne. Si les travaux d'efficacité moyenne (correspondant aux exigences minimales qui permettent de bénéficier du crédit d'impôt) étaient améliorés pour atteindre une efficacité maximale, plus de 700 000 logements par an, soit la totalité du parc en 2050, répondraient alors aux exigences du Grenelle.
Côté chauffage enfin, on compte 13 % de chantiers qui, grâce à leur performance optimale, sont éligibles au crédit d'impôt. Pour atteindre les objectifs de 2050, il faudrait que la quasi-totalité des nouveaux équipements de chauffage installés soient très performants. Une mission qui s'avère possible quant on sait que la vente d'équipements éligibles au crédit d'impôts ne cesse de croître et que 80 % des professionnels en charge de ces travaux sont convaincus du bien fondé de ce dispositif fiscal.
Pour diviser par 4 la consommation d'énergie des bâtiments en France d'ici 2050, ce qu'ambitionne le Grenelle de l'environnement, on estime que le volume des travaux à entreprendre sur le parc existant doit se situer entre 500 et 800 milliards d'euros. Avec les 13 milliards d'euros de travaux actuellement entrepris par an, l'OPEN considère que la partie basse de l'estimation sera atteinte.
Cependant, si l'efficacité des travaux entrepris n'évolue pas vers de meilleurs résultats, il faudra compter cent ans et non 45, comme le voudrait le Grenelle, pour que le parc existant soit thermiquement efficace.
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